Les mauvais traitements ainsi que les préjugés qu’on fait subir aux prostituées ou fait circuler sur elles suscitent des réflexions chez Tidiani Bakary Guindo, étudiant en Master philosophie au Mali. Dans cet article, il estime que tout le monde est prostitué à sa manière et la prostitution est un métier noble.
Je vous parle aujourd’hui comme parlerait un fils à sa mère, comme un frère à sa sœur, bref, comme un intime ami à sa confidente.
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S’il m’était permis de décerner le prix Nobel de l’audace et de la bravoure à une catégorie de personnes, je vous en conjure que c’est à vous que je décernerais ce prix.
Des chambres closes consultées plus que des lieux sains
Les religieux prêchent beaucoup pendant la journée sur votre boulot. Ils disent que Dieu l’a interdit. Ce qui est bien beau. Pourtant, ce sont ces mêmes personnes qui partent prêcher pendant la nuit dans vos différentes chambres en cachette.
Vos chambres sont plus consultées que certaines Églises et Mosquées pour la simple et la moindre raison que les bars sont devenus des lieux de cultes sexuels. Pendant les nuits, vous souffrez. Car recevoir dix hommes costauds voire plus dans une nuit n’est pas une chose aisée.
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Par contre, je suis pour l’idée de la prostitution sexuelle qu’à celle des hommes politiques. La prostitution électorale est la plus monstrueuse et la plus nuisible au monde.
De la hiérarchie des prostituées
Les femmes qui sont dans ces pratiques sont astreintes de vendre leur corps pour subvenir à leur besoin. Elles sont fréquentées par les chrétiens, musulmans, par les traditionalistes et nos soi-disant hommes politiques du pays.
Il y’a des prostituées de renom qui sont uniquement réservées aux bourgeois du Mali et des prostitués qui sont uniquement au service des prolétaires.
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Dans « Les Pensées », Pierre Dac fais ait comprendre : « La prostitution, c’est l’armée de métier de l’amour vénal dont la discipline vénalement consentie fait la force principale ».
Une pratique générale
Parler d’une telle thématique me pousse à poser cette question : de nos jours, qui ne pratique pas la prostitution ?
Écoutons avec ouverture d’esprit ce passage de Théophile Gautier dans son ouvrage « Mademoiselle de Maupin » : « La femme qui a un mari et un amant est une prostituée pour l’un des deux, et souvent pour tous deux ».
La prostitution, un métier noble
Faire la prostitution est un acte de bravoure et ne relève pas de la faiblesse. Ces femmes ne sont pas en pannent de conscience. Car elles savent bel et bien ce qu’elles font comme métier.
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Dans certains pays, la prostitution est une profession dans la mesure où l’État fait mention sur leur carte.
Une prostituée n’est pas un monstre à rejeter, mais une personne à aider pour qu’un jour elle puisse être intégrée dans la société. Les prostituées tombent amoureuses et connaissent le sens de l’amour plus que certaines de nos sœurs qui passent la journée à faire des navettes entre les hommes.
La plupart de ces femmes font cette pratique pour de l’argent. Que dit le grand homme de lettres concernant ce phénomène ? Dans « Post-scriptum de ma vie », Victor Hugo disait : « Pas d’injures à ces malheureuses que vous coudoyez le soir dans la rue. Souvenez-vous que la plupart ont été livrées à la prostitution par la faim et se sont laissées tomber dans le ruisseau pour ne pas se jeter à la rivière ».
Un monde capitaliste
Aucune femme ne peut perdre sa dignité ontologique au profit de la prostitution. Car la dignité ontologique est différente de celle que la société nous attribue.
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Dans la « Théorie de l’unité universelle », Charles Fourier affirmait que « Dans le mariage, le mari et la femme se valent vertueusement ; et de même qu’en grammaire, deux négations valent une affirmation, on peut dire qu’en négoce conjugal, deux prostitutions valent une vertu ».
Nous vivons dans un monde capitaliste dans lequel l’homme est marchandé et rejeté comme inhumain s’il n’a pas d’argent.
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De nos jours, les relations n’ont aucune valeur. Les relations humaines sont centrées sur le capital et c’est pourquoi nous sommes devenus des péripatéticiens.
Charles Lemesle ne serait pas contre cette pratique : « Tout mariage sans amour est la prostitution consacrée ».
Je m’en fou de ce que l’autre dira de moi après la publication de mon texte. D’ailleurs, je ne paye personne pour lire mes textes et je tiens à ma liberté d’expression tout comme le jeune religieux tient à sa religion. À chacun son problème et ainsi va la vie.
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Pour terminer, je peux haut et fort dire que chacun est prostitué à sa manière…
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